Aux origines de Kernascléden : un habitat rural breton marqué par l’histoire

Kernascléden, situé au cœur du Morbihan, ne se résume pas à sa célèbre chapelle Notre-Dame. En se promenant dans le bourg et ses hameaux, on découvre une richesse patrimoniale plus discrète, mais tout aussi éloquente : celle des maisons anciennes. Elles racontent à leur manière l’histoire de ce territoire, faite d’évolutions agricoles, de traditions familiales et d’une créativité architecturale enracinée dans la culture bretonne.

Si l’on retrouve des traces d’occupation humaine à Kernascléden dès le Moyen Âge, l’essentiel du bâti ancien qui subsiste aujourd’hui date du XVIe au XIXe siècle, période où le village s’est structuré autour de grands domaines agricoles, avant de connaître une séparation officielle d’avec Saint-Caradec-Trégomel en 1955 (Infobretagne). Les maisons anciennes sont les vestiges visibles de cette organisation séculaire.

Caractéristiques des maisons anciennes de Kernascléden : matériaux, typologies et symboles

En parcourant Kernascléden, certaines caractéristiques se détachent :

  • Pierre de schiste et granit : La plupart des maisons rurales anciennes utilisent ces matériaux locaux, extraits des carrières de la région, dont certaines étaient en activité jusqu’au début du XXe siècle. Le schiste confère une couleur sombre et des reflets allant du bleu au gris profond (Source : Pays d’Art et d’Histoire du Pays de Pontivy).
  • Toitures à deux pentes couvertes d’ardoises : L’ardoise, matériau phare de Bretagne, est omniprésente sur les toits anciens. Son usage est aussi bien esthétique que fonctionnel, résistant parfaitement à l’humidité.
  • Porteurs de symboles : Certaines linteaux de portes sont gravés de dates (souvent en chiffres romains) ou de motifs floraux stylisés. Il n’est pas rare d’apercevoir des croix en pierre, réalisées pour protéger la maison de la foudre ou du mauvais sort (témoignages locaux et Ministère de la Culture).
  • Agencement en longère : Les maisons rurales bretonnes s’alignent généralement sur un axe est-ouest, pour faire face au vent et au climat. La longère est la structure dominante, comprenant habitation, grange et parfois étable sous le même toit.

Ces éléments permettent aujourd’hui de dater et d’identifier les maisons anciennes les plus emblématiques du village.

Maisons emblématiques et fermes remarquables de Kernascléden

Si la chapelle captive souvent l’attention des visiteurs, quelques maisons anciennes attirent l’œil curieux et témoignent d’une vie d’autrefois bien vivante.

La maison du Recteur

Située près de la chapelle, cette demeure du XVIIIe siècle, souvent appelée “presbytère”, se distingue par sa façade austère, ses linteaux de portes gravés et ses ouvertures régulières. Elle est un exemple typique d’habitat du clergé rural breton, où la pierre de schiste rivalise avec quelques éléments en granit. Le presbytère a longtemps servi de lieu de réunion et d’accueil pour les familles lors des grandes fêtes religieuses, surtout lors des célèbres pardons de Kernascléden.

Vieilles fermes des hameaux : Ty Gwen, Botvell, Goarem

  • Ty Gwen : Cette maison blanche du XVIIe siècle, dont le nom signifie “la maison blanche”, évoque à la fois la modestie des paysans et leur attachement aux traditions. Les archives départementales du Morbihan la mentionnent déjà en 1684. Sa grande cheminée, longtemps utilisée pour fumer les charcuteries ou sécher le linge, rappelle la vie quotidienne des familles de laboureurs.
  • Ferme de Botvell : Exemple classique de longère, elle bénéficie d’une architecture datée de la fin du XVIIIe siècle. Ses pierres en appareillage soigné et son puits couvert, aujourd’hui restauré, constituent un ensemble rural remarquablement préservé. On y remarque encore l’emplacement de l’ancien four à pain, pièce centrale de la vie rurale bretonne.
  • Corps de ferme de Goarem : Ancien domaine agricole, il présente une cour centrale avec des dépendances alignées, utilisées autrefois pour l’élevage mixte, notamment les bovins et les porcs. Sa grange de pierres, souvent citée par les habitants, évoque les grandes exploitations familiales du XIXe siècle.

Demeures de notables et maisons à double escalier

Au sein du bourg, quelques maisons anciennes possèdent une architecture plus “bourgeoise”, notamment celles construites à la fin du XIXe siècle, époque où Kernascléden vit s’établir commerçants et artisans aisés. Les maisons à “double escalier”, que l’on retrouve sur la route de Berné, sont caractéristiques d’une époque d’ascension sociale, symbolisée par des entrées monumentales parfois ornées de balustres en fer forgé.

Histoires et anecdotes autour des vieilles pierres de Kernascléden

Chaque maison ancienne, au-delà de ses murs, porte une histoire, souvent transmise de génération en génération. Les noms des lieux-dits, les gravures sur les linteaux ou les croix de seuil sont autant de traces de la vie d’autrefois.

  • Les “portes des revenants” : Selon une tradition locale, certaines maisons anciennes possèdent une petite porte secondaire, rarement utilisée, appelée “porte des revenants”. Elle permettait, dit-on, de faire sortir le cercueil des défunts lors des funérailles. Ce détail architectural rappelle le rapport singulier des Bretons à la mort et à la spiritualité (Ethnologie Française).
  • Le clou du propriétaire : Dans plusieurs maisons anciennes, on retrouve sur la porte d’entrée un gros clou forgé, parfois orné de la croix triskèle. Selon les anciens, il servait à éloigner les sorciers et garantir la prospérité de la maisonnée.
  • Légendes de fontaines : Près des maisons ou à l'entrée des hameaux, des fontaines anciennes étaient intégrées à des petits enclos de pierre. On disait que leurs eaux avaient des vertus protectrices, notamment pour les enfants malades ou les mariages.

Préserver et valoriser le patrimoine bâti : défis et initiatives locales

Aujourd’hui, la préservation du patrimoine rural est un défi de taille. Les maisons anciennes, souvent transmises dans les familles, font face à d’importantes contraintes : coûts de restauration, normes d’isolation, et adaptation à la vie moderne. Cependant, plusieurs initiatives à Kernascléden et dans les communes voisines témoignent d’une volonté de sauvegarder ce bâti :

  • Classement et inventaire : Certaines maisons font l’objet d’un recensement dans le cadre de l’Inventaire Général du Patrimoine Culturel piloté par la DRAC Bretagne. Cette démarche permet une meilleure connaissance et une protection accrue.
  • Rénovation respectueuse : Depuis les années 2000, de plus en plus de propriétaires engagent des travaux de restauration en privilégiant les matériaux d’origine (schiste, chaux, ardoise). Des aides existent via la Fondation du Patrimoine et les collectivités locales.
  • Ouverture au tourisme rural : Plusieurs anciennes fermes du secteur sont aujourd’hui transformées en chambres d’hôtes ou gîtes, permettant de faire découvrir l’architecture typique aux visiteurs dans un cadre préservé.

Pourquoi les maisons anciennes de Kernascléden suscitent-elles tant d’attachement ?

Les maisons anciennes n’incarnent pas seulement un style architectural ou une époque révolue. Elles représentent un lien tangible avec les générations passées, leur savoir-faire et leur ingéniosité. Le respect de l’environnement, l’utilisation des ressources locales, et la solidarité entre voisins demeuraient des valeurs essentielles, imprégnant aujourd’hui encore l’atmosphère du village.

En prenant le temps d’observer ces vieilles pierres, on saisit aussi comment Kernascléden s’est adapté aux changements, sans renier son identité. Ce sont ces maisons, modestes ou imposantes, disséminées dans les hameaux ou serrées autour de la place du bourg, qui offrent aux visiteurs autant de portes d’entrée dans la mémoire vivante du Morbihan.

Pour en savoir plus ou programmer une balade à la découverte des maisons anciennes de Kernascléden, n’hésitez pas à consulter la mairie, le Ministère de la Cohésion des Territoires et les offices de tourisme locaux.

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